A propos des "Pièces jointes"

Ces "Pièces jointes" sont un complément au blog 1914-1918 : une correspondance de guerre où sont publiées les lettres échangées pendant la Première guerre mondiale entre Jean Médard et les siens, en particulier avec sa mère, Mathilde. (Pour toutes les informations sur Jean Médard, se reporter au blog de base).

On trouvera ici un billet sur tous les amis ou camarades morts dont Jean évoque le souvenir. Pour chacun :
- sa fiche de "Mort pour la France" avec sa transcription (en bleu) ; toutes ces fiches proviennent du site Mémoire des hommes ;
- tous les textes de la correspondance et des mémoires de Jean Médard le concernant (en italiques) ;
- dans la mesure du possible, une notice biographique (dans un encadré).
Merci d'avance à tous ceux qui pourraient me communiquer des informations me permettant d'étoffer certaines notices, ou tout simplement me signaler leur parenté avec la personne à qui le billet est consacré. (Mon adresse est dans le blog de base, sous l'onglet A propos du blog.)

Les articles sont publiés dans l'ordre des décès, les morts les plus anciens se trouvent donc en bas de la liste. Pour faciliter d'éventuelles recherches, vous trouverez sous la rubrique "INDEX" une liste alphabétique, avec un lien vers chaque article.

jeudi 26 janvier 2017

Lucien SOULA (1874-1917)

SOULA
Lucien Gabriel
Lieutenant
132ème régiment d’infanterie
Classe : 1894
Recrutement : Foix
Mort pour la France le 16 avril 1917
à Moussy (Aisnes) Braye-en-Laonnois
Genre de mort : des suites de ses blessures
Né le 11 décembre 1874
à Ganac (Ariège)
 

Un ss-lieut. de la Cie, Soula est venu nous rejoindre, un Toulousain, un peu vulgaire, mais pas bête du tout et bon garçon.
(Jean à sa mère – 14 mars 1916)  

Il y a aussi « Monsieur Soula », un ancien sous-officier d’active, pas déformé par le métier, intelligent. Son accent de Toulouse tranche sur le parler français (ou breton) de la compagnie. Comme le commandant lui demandait ironiquement à son arrivée : « D’où êtes-vous, Monsieur Soula ? », il a répondu avec un accent retentissant : « Du Pas-de-Calais, mon commandant ! »
(Jean Médard – Mémoires, printemps 1916)  

La relève est là ; l’épreuve se termine. Monsieur Soula marche en tête pour conduire la compagnie vers l’arrière. Mais le malheureux s’oriente mal. Je vois les trois sections de tête qui le suivent faire un mouvement tournant pour prendre finalement la direction du nord. Je me précipite. Il faut courir pour rattraper la tête de la colonne et je suis à bout de force et de souffle :
– Mon lieutenant, nous marchons vers les Boches.
– Qu’est-ce que vous racontez ?
– Regardez devant nous cette masse sombre, c’est le fort de Vaux. Nous marchons droit dessus.
(Jean Médard – Mémoires, juin 1916, Verdun) 
 
Aujourd’hui G. et Soula sont venus déjeuner avec nous.
(Jean à sa mère – 25 août 1916) 
 
Hier nous avons eu toute la journée manœuvres de division. Je m’occupais des canons de 37, tu sais, les fameux petits canons dont s’occupait Mr Soula et pour lesquels il a laissé le 2ème bataillon. Soula était à un cours d’instruction et comme je suis officier suppléant, je l’ai remplacé. Et je me suis trimbalé toute la journée à travers champs et bois avec mes deux canons miniatures, qui étaient accueillis partout avec des rires sympathiques.
(Jean à sa mère – 2 septembre 1916) 
 
Je retrouve [à l’état-major du régiment] Monsieur Soula, une vieille connaissance qui dirige l’équipe de canon de 37.
(Jean Médard – Mémoires, printemps 1917) 
 
Le colonel [Théron] reçoit une balle dans la cuisse, le capitaine Gabet dans la mâchoire, Soula est tué ainsi que l’officier de liaison d’artillerie.
(Jean Médard – Mémoires, avril 1917, Chemin des Dames)
 

 
Les morts du 16 avril 1917,
premier jour de l’offensive du Chemin des Dames
(Lettre de Jean Médard à sa mère – 22 avril 1917)
 
Cette première attaque, journée du 16, a été très dure. Au 2ème Baton elle ns a couté en tués, outre le commandant, le capitaine Candillon (5ème), St Lieut Gonin (6ème tu le connaissais – le petit aspirant qui avait pris le thé avec ns et Getaz à Chartèves) Lieut. Jesson (7ème), S/Lieut Mellinette et Baillot (Cie de Mitrailleurs). Tu connaissais aussi ce dernier, tu trouvais qu’il ressemblait à un officier de marine. En blessés : capitaine adjudant major Dufour, S/Lt Millière, S/Lt Bouchez, [Roger de] La Morinerie. Le Commandant [Rivals] était en tête de combat, il a eu une mort magnifique. Le colonel [Théron] aussi était presque en tête sur le petit groupe qui l’entourait peu sont revenus indemnes. Lui, notre brave colonel blessé à la cuisse, son capitaine adjoint [Gabet] la figure traversée d’une balle, Soula, off. du canon de 37 tué, etc., etc.
Source : JMO du 132ème R.I.
- Soulignés en noir par l'auteur du blog : les tués du 16 avril 1917.
- Soulignés en blanc par l'auteur du blog : les blessés du 16 avril 1917.
- Soulignés en gris : les tués du 17 avril 1917.
Les plus grosses pertes en officiers sont dans le 2ème bataillon, où, sur 15 officiers, 6 sont tués et 4 blessés
(N.B. : Les décomptes des pertes ne sont pas faits par bataillon, mais pour le régiment. Cependant les pertes
en officiers étant nominatives, et leur répartition dans chaque bataillon étant connue grâce à l’ordre de bataille
ci-dessus, il est facile de faire les calculs à l’échelon du bataillon.) 
 
JMO du 132ème R.I. – 16 avril 1917


Antoine RIVALS (1875-1917) 
René CANDILLON (1886-1917) 
Lucien SOULA (1874-1917) 
Marcel Emmanuel MARCEAU (1890-1917) 
Georges Etienne Soter BAILLOT (1892-1917) 
Gaston MELLINETTE (1892-1917) 
Claude GONIN (1896-1917) 
Marcel Adrien MORIN (1886-1917) 
Emile JESSON (1892-1917) 
 
 
 
 

  
Lucien Soula était le fils d’Emile Théodore Soula (1836-1896), cloutier, et de Clémentine Nougué (1844-1934). Quand sa fiche matricule a été rédigée, il était « étudiant pour l’enregistrement ». Il avait épousé, le 7 janvier 1915, Jeanne Joséphine Germaine Rogale.

Source : archives départementales de l'Ariège - Fiche matricule de Lucien Soula
 
Source : archives départementales de l'Ariège
Fiche matricule de Lucien Soula
            Lucien Soula avait commencé son service militaire en 1895 et s’était rengagé plusieurs fois. Il était passé dans la Territoriale en 1908.
Au moment de la mobilisation, promu lieutenant, Lucien Soula avait demandé à être versé dans l’armée active. Il était au 132ème R.I. depuis octobre 1915. Plusieurs fois blessé, plusieurs fois cité, la Légion d’honneur lui avait été attribuée quelques jours avant qu’il soit tué au Chemin des Dames.

HF (28/01/2017)

Source pour les informations militaires : archives départementales de l’Ariège, fiche matricule de Lucien Gabriel Soula.
Source pour le prénom usuel : inscription sur le monument aux morts de Ganac (photo sur Mémorial GenWeb).
Fiche de Lucien Soula aux Archives nationales, base Léonore.
Source pour les informations sur sa famille : Généanet, arbre en ligne de Patrick Soula.