A propos des "Pièces jointes"

Ces "Pièces jointes" sont un complément au blog 1914-1918 : une correspondance de guerre où sont publiées les lettres échangées pendant la Première guerre mondiale entre Jean Médard et les siens, en particulier avec sa mère, Mathilde. (Pour toutes les informations sur Jean Médard, se reporter au blog de base).

On trouvera ici un billet sur tous les amis ou camarades morts dont Jean évoque le souvenir. Pour chacun :
- sa fiche de "Mort pour la France" avec sa transcription (en bleu) ; toutes ces fiches proviennent du site Mémoire des hommes ;
- tous les textes de la correspondance et des mémoires de Jean Médard le concernant (en italiques) ;
- dans la mesure du possible, une notice biographique (dans un encadré).
Merci d'avance à tous ceux qui pourraient me communiquer des informations me permettant d'étoffer certaines notices, ou tout simplement me signaler leur parenté avec la personne à qui le billet est consacré. (Mon adresse est dans le blog de base, sous l'onglet A propos du blog.)

Les articles sont publiés dans l'ordre des décès, les morts les plus anciens se trouvent donc en bas de la liste. Pour faciliter d'éventuelles recherches, vous trouverez sous la rubrique "INDEX" une liste alphabétique, avec un lien vers chaque article.

samedi 27 juin 2015

Robert PERRET (1895-1915)

PERRET
Robert Berthe Maurice Alfred
Lieutenant
7ème régiment d’infanterie coloniale
Classe : 1915
Recrutement : Bar-le-Duc
Mort pour la France le 25 septembre 1915
à Ambce 3/151 à Chaudefontaine (Marne)
Suites de blessures de guerre
Né le 25 mars 1895
A Villié-Morgon (Rhône)

 

 

 

 

 

 

 
Au petit jour [du 21 juin 1916], nous atteignons enfin Haudainville. Le sergent-major Charlet qui est venu à notre rencontre ne nous reconnaît pas avec nos barbes de cinq ou six jours, nos figures noircies par la poudre, notre amaigrissement, notre air hagard, nos capotes maculées de sang. En arrivant nous buvons toute l’eau des fontaines, nous nous décrassons, j’écris une carte à ma mère pour la rassurer sur mon sort et, à peine allongés sur le foin, nous sombrons dans un profond sommeil.
Consternation à notre réveil ! Cette nuit même il va falloir repartir. Quelques heures après notre départ les Allemands ont déclenché une grande offensive sur le front que nous venions de quitter. Ils ont progressé. Le 54 qui nous a relevé a été anéanti ou fait prisonnier et, avec lui, notre chef de bataillon et nos cinq commandants de compagnie qui étaient restés derrière nous pour passer les consignes.
On parle de nous faire contre-attaquer, mais comme notre régiment est réduit à bien peu de chose, privé d’officiers et écrasé de fatigue, le commandement y renonce. Il va nous renvoyer en avant sur des positions de repli.
Il parait qu’au premier bataillon les réactions ont été assez vives, mais le commandant Perret, qui connaît ses hommes, a compris qu’il ne s’agissait pas d’une mutinerie, mais d’un mouvement de désespoir. Il a su leur parler et les décider à remonter. Il vient de perdre lui-même son fils unique. C’est au nom des morts qu’il a parlé à ceux qui sont encore vivants. Cette journée de repos nous a quand même rendu quelques forces et, à deux heures du matin nous repartons.
(Mémoires de Jean Médard, 1970 – 3ème partie : La guerre)
 

 
            Robert Perret est le fils d’Adrien Perret (1863-1946), officier d’active, qui était commandant au moment de la mort de son fils, et de Gabrielle Delafond (1874-1904).
            C’est un don[1] fait en 2014 par la famille du colonel Perret aux archives départementales de la Marne qui m’a permis de découvrir le prénom du colonel et celui de son fils (Mémoire des hommes répertoriant 500 Perret morts pour la France en 14-18, il n’avait pas été possible de l’identifier à partir de leur base de données).
            La notice concernant ce don contient une courte biographie :
« Militaire et veuf, Adrien Perret a deux enfants : Robert qui prépare Saint-Cyr et Paule. Reçu à Saint-Cyr comme tous les admissibles en raison de la guerre, Robert Perret est formé et incorporé comme sous-lieutenant au 7e régiment d’infanterie coloniale. Il décède à la Main de Massiges (Marne) en 1915.
A la suite de ce décès, Adrien Perret, qui est cavalier, demande à joindre l’infanterie pour connaître ce qu’avait vécu son fils. Il est affecté comme chef de bataillon au 132e régiment d’infanterie de Reims dont il prendra le commandement en 1917. Il participe notamment aux combats du Chemin des Dames. Il a été cité plusieurs fois et a reçu de nombreuses décorations. »
C’est d’ailleurs à partir du Chemin des Dames que son nom revient de plus en plus souvent sous la plume de Jean. En effet, en plein combat, le commandant Perret a pris la relève du colonel Théron blessé le premier jour de l’offensive. Et c’est à Jean qu’il revient de lui annoncer sa nomination au grade de lieutenant-colonel :
« – Mon commandant, je vous apporte un message qui vous fera plaisir.
– Médard, je n’oublierai pas que c’est vous qui êtes le messager de cette bonne nouvelle.
Le colonel Perret a été en effet toujours bienveillant envers moi. » écrit Jean dans ses mémoires. Ils se côtoieront ensuite jusqu’à la fin de la guerre.
 
Par ailleurs, le blog Reims 14-18 met en ligne une biographie très intéressante du colonel Perret, écrite par son petit-fils Ph. Gauvain. Quelques lignes sont consacrées à la mort de Robert : « Il [le commandant Perret] descend ensuite dans la Marne et se trouve en position à La Veuve et Dampierre à quelques kilomètres de son fils au moment du drame qu’il va vivre. Le 25 septembre, l’armée attaque sur la ligne qui va de Châlons à Sainte-Menehould. Robert à Ville-sur-Tourbe en première ligne, monte à l’assaut de la Main de Massiges. Il est tué dès le début de l’action et Adrien ne l’apprendra que le 12 octobre, après plus de quinze jours peuplés d’attente, de crainte, d’espoir, d’angoisse. Il vivra ce malheur avec beaucoup de courage. »
  
HF (31/12/2016)
 
 

[1] Ce don comprend essentiellement la correspondance 1914-1918 d’Adrien Perret, ainsi que d’autres documents en rapport avec la guerre.